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Tour de France 2019

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Comme tous les ans, le tour de France est la tradition de l'été. Depuis 2007, je ne l'ai manqué qu'une seule fois, c'est dire... Cette année, après avoir fait les cyclocross, les classiques printanières ainsi que quelques courses dans la région, je suis prêt pour la plus grande course de l'année.

Et le parcours 2019 va me permettre d'y aller par deux fois. La première, pour le Grand départ à Bruxelles. J'y ferais les 2 étapes du weekend. La deuxième, comme tous les ans, dans les Pyrénées, où je vais en profiter pour passer une semaine de vacances.

Ayant échoué dans la préparation d'un résumé court, j'ai décidé de publier cet article en chapitres. Il y a toujours possiblilité de voir l'intégralité sous ce lien


Chapitre 5: La Hourquette mais pas dans 6 ans

Jeudi, jour de Tour. Je me prépare tranquillement, remercie mes hôtes de ces trois jours et me lance à l'assaut de la Hourquette d'Ancizan, les coureurs seront là dans 6 heures... Vélo et sac-à-dos bien chargés de toutes mes affaires, je redescends sur Arreau. Les routes sont fermées, les policiers régulent déjà la circulation. Pas de problème pour moi, je suis en vélo ! Le faux plat est autant faux plat dans ce sens-là pour rejoindre le pied du col, ça fait un bon échauffement.

Puis je tourne à droite, les premières pentes, mais aussi les premiers petits vieux sur leur chaises pliantes, le Tour est proche ! Le col n'est pas très long, c'est surtout les pourcentages qui font sa difficulté. Mais avec l'ambiance du Tour, c'est plus facile. Je fais d'ailleurs quelques kilomètres avec le camion boutique. Musique à fond, ça me motive ! Bon je sais qu'il ne faut pas que je me mette à chanter sinon je risque de souffrir... Mais je danse sur mon vélo et réagit à ses propos. Alors qu'il tente de vendre des parapluies à des Bretons, je lui lâche "ils en ont déjà, ils sont nés avec !". Voyant mon cuissard Roubaix, il me rétorque "ne fais pas trop le malin le Roubaisien, c'est pas mieux chez toi".

Le paysage est plus beau que le temps

Sur le bord de la routes, alors que certains ne font que regarder passer tous les cyclos amateurs, d'autres encouragent "allez plus fort" je leur lâche en les remerciant de la main. À ceux qui jouent aux cartes, je leur dit "attention le petit il triche", "oui je sais" me répond le père. À ceux qui mangent, je leur demande des chips ou du saucisson... et à ceux qui dorment, je me retiens de pousser un grand cri. À l'approche du sommet, je cherche un coin sympa, puis lance un sprint contre le cyclo le plus proche, histoire de pimenter le final !

Un peu plus de monde qu'hier

Trop de monde au sommet, je redescends un peu, en chantant pour que les gens m'entendent arriver. Remonte un peu parce que je ne trouve pas mon bonheur. Je m'arrête au début des barrières, qui ne sont en fait que des cordes de protections. Alors que je demande un mec de la sécu s'ils bloquent après, le papy qui était là depuis le matin, commence à discuter avec moi, avec les agents de sécu. Après quelques minutes à discuter je décide de m'installer ici, ils ont l'air sympa. Je retiendrais qu'il faut être alcoolique pour rejoindre l'agence de sécu, et qu'avec eux, le papy et sa femme, ainsi que la gamine d'à côté et ses grand parents, le temps est passé plus vite.

Il est alors l'heure de la caravane ! Je change de côté pour avoir moins de monde autour et me mets en tenue tricolore. Au passage de la caravane, j'essaie d'avoir le plus à manger possible, gratte un troisième maillot Total Direct-Énergie grâce à ma botte secrète, offre un N-ième bob Cochonou à l'agent de sécu, et m'énerve contre un connard d'Espagnol qui ne veut pas me laisser le sachet Haribo qui est tombé derrière mon vélo... Les extras, je les laisse à la gamine d'en face qui en est toute contente.

La technique pour le maillot TDE...

En attentant les coureurs, les derniers passant rigolent de mon look, certains prennent des photos, puis quelqu'un vient m'interviewer ! Il s'agit d'une chaine de TV norvégienne: "Vous faites beaucoup de courses comme ça ?" "Cette année j'ai fait des cyclocross, des classiques flandriennes, des petites courses locales et maintenant le Tour" "c'est un peu le main-event de la saison ?" "Exactement, je suis chaud !" "Et ça donne quoi comme encouragements ?". Il s'écarte un peu, fixe bien sa caméra et me voilà parti pour une série de "Allez allez !". Avec un grand sourire, il me félicite, me remercie pour l'extrait et me souhaite une bonne course.

Tous les spectateurs des alentours m'ont remarqué lors de mes encouragements improvisés. Le papy d'en face dit alors "il cachait bien son jeu, on l'imaginait pas crier comme ça, calme comme il était...". Je leur fait alors part de mes talents en descente "ah mais c'était toi ! On s'est dit qu'il était fou le type à chanter, qu'il fallait l'envoyer à l'asile !". Quelle belle réputation je me suis faite... Quelques minutes plus tard, je vois passer les norvégiens de l'an dernier, ceux qui avaient monté le col du Portet avec une sono sur le dos. Sans la sono cette année, ça fait plaisir de retrouver des habitués (dommage de ne pas avoir revu les "trous du cul de Mazamet").

Sacré norvégiens

Mais à quelques minutes du passage des coureurs, alerte ! Un spectateur s'est blessé. D'abord secouru par l'agent de sécurité qui s'est précipité lors des cris. Les premiers policiers proposent de le mettre dans une voiture pour le monter, refusé. Les pompiers descendent alors à pied, le mettent sous perfusion, alors que le camion descend, et fait un demi-tour sur la route un peu trop étroite pour lui. Les voitures d'avant tour arrivent et ne peuvent pas doubler les pompiers "les coureurs sont en bas du col, comment on fait si ils arrivent ?" Heureusement il a pu être mis sur civière et repartir avec le camion. Il regardera l'étape depuis l'hôpital, pas de chance. Il avait en fait glissé sur le flanc de montagne, sa cheville cassée faisait que son pied n'était pas dans la bonne direction. Pas joli à voir, mais je n'ai pas eu à voir.

Alors que je discute au téléphone avec le père de la gamine (la grand-mère galérait à comprendre et m'a laissé son téléphone), la tension de l'arrivée des coureurs se présente. Les hélicos se font entendre, les premières voitures et motos passent. Puis les premiers hommes de têtes. Yates et Mühlberger qui vont se disputer la victoire. Puis ils sont un par uns, l'échappée a complétement pétée ! Trentin qui a commencé le col en tête est à plusieurs minutes. Mais pour chaque coureur, je suis là à donner de la voix.

Très discret le cuissard

Certains visages sont fermés, cette première étape de montagne fait des dégâts. Puis le peloton, emmené par l'équipe de Julian Alaphilippe. Thibaut Pinot et dans les premières positions, tous les favoris sont là, mais il n'y aura pas eu d'attaques entre eux. Beaucoup de lâchés quand même. On retrouve Peter Sagan, toujours avec le sourire, qui monte tranquille, quelques minutes devant le gruppetto. Puis celui-ci passe, les dernières voitures et les derniers sprinters. La voiture balai et c'est fini pour aujourd'hui.

Le temps de ranger toutes les affaires, de dire au revoir aux voisins, me voilà reparti vers le sommet, pour retourner à la voiture. Celui-ci est bloqué, pas encore possible de descendre en vélo. Alors je me change, attends un peu et y retourne quand c'est dégagé. Quelques voitures ont pu passer, mais j'y vais tout doux. En arrivant à la voiture, le parking est déjà un peu vide. Je remets le vélo dedans, me change encore une fois, remercie le camping-car d'à côté et reprends la route.

Relive la Hourquette

Comme toujours sur le tour, les bouchons de la descente sont là. Musique à fond, chant à fond, les quelques marcheurs qui passent rigolent et me font des signes du pouce. Une fois que ça se met à rouler, je continue en direction de Pau pour l'étape du lendemain. Je me perds, tout comme une voiture de France TV, dans Lourdes. Prend une pizza que je mangerais plus loin, sur une aire, en regardant une partie de pétanque. Puis j'arrive au AirBnB, négocie d'y laisser la voiture tout le lendemain et termine d'y programmer la journée, celle-ci s'annonce longue et intense !

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