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Tour de France 2015

Pour (re)vivre les autres éditions, c'est par là: 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024.


Le Tour de France, c'est le dernier spectacle sportif entièrement gratuit: pas de billets à acheter, la famille, une glacière, quelques heures à attendre pour la grand-messe du mois de juillet. Cette histoire vous est racontée par mon frère, avec qui j'ai vécu l'édition 2015 dans les Pyrénées.

Passionné de cyclisme et du Tour de France en particulier, j'ai eu la chance d'aller le voir de près cette année. Mon choix s'est porté sur les étapes 10 et 12. Pour 2 raisons, la première étant les arrivées aux sommets, La Pierre Saint Martin et Le Plateau de Beille, 2 cols Hors Catégorie; et pour des raisons logistiques impossible d'enchainer les 3 étapes en 3 jours le tout sous la tente.

Parce que oui, le meilleur moyen de profiter du Tour de France, c'est de le vivre sur place, au contact d'autres fans, jeunes et vieux, mais tous passionnés de vélo. Et qui de mieux que mon frère pour m'accompagner ?


La Pierre Saint-Martin : Arnaques, chips et britannique.

Lundi matin, une fois la voiture chargée (glacière, affaires de camping, vêtements, vélos et bières) direction Arette et le pied du col de la Pierre Saint Martin. Là, je déchante.

*Coup de gueule* Les responsables de la station de ski ont vu le passage du tour l'occasion de se faire de l'argent. Montée fermée l'avant-veille ! Une première dans l'histoire du Tour de France dans les Pyrénées ! Les personnes de l'organisation redirigent tout le monde vers un champ où la location de l'emplacement est de 5€, et avec quelques 6000 véhicules attendus, le calcul est simple. Bien loin des valeurs© populaires du Tour de France. Résultat: la montée est vide, de nombreux emplacement sont vides mais les poches de "l'organisateur" du jour sont pleines. *Fin du coup de gueule*.

Camping sauvage organisé

Du coup, ce champ sera notre camp de base. Installation de la tente dans ce champ encore vide (mais qui se remplira énormément dans la journée), et l'heure du repas se fait sentir. Bière, saucisson, et salade de pâtes, parfait pour la suite de la journée qui s'annonce sportive. A côté de nous, c'est plutôt cosmopolite: deux amis espagnols, un couple de quadras français, un père et ses 2 enfants qui font le triptyque pyrénéen, un couple de retraités espagnols et même une famille autrichienne. En gros, il y a de tout.

15h: on prend nos vélos et nous partons pour la longue ascension de ce col Hors Catégorie (ndlr: il veut pas l'avouer mais il est pas arrivé en haut). Retour sur les 19h, direction le ruisseau histoire de se "laver", puis partie de carte avec nos voisins. Le champ est plein, des tentes de partout et un temps idéal pour une partie de football improvisée.

Nous dans le col

Les "organisateurs du jour" ont pensé à tout, sono, barbecue et bar, parfait pour passer une excellente soirée, moins pour dormir, mais c'est aussi ça l'esprit du Tour. Minuit: les gens commencent à rentrer chez eux petit à petit. Nous en profitons pour en faire de même, histoire de dormir quelques heures avant le grand jour.

Mardi matin, les jambes lourdes, je décide de prendre une navette (encore affrétée par "l'organisation". Bien sûr c'est 2€ de plus par personne). Chaises, sac à dos, pique-nique et de l'eau, me voilà parti pour les 10 premiers kilomètres de l'ascension.

Dans le bus, une famille bordelaise, elle aussi scandalisée par "l'organisateur" philanthrope. Monsieur, madame, la belle-sœur, 3 petites et un grand. Nous profitons du trajet pour faire connaissance et nous raconter nos histoires du Tour. Le Tourmalet, Hautacam et Peyressourde n'ont plus de secrets pour nous. Les enfants attendent impatiemment la caravane, les adultes attendent les coureurs, classique. Pas de favoris, ils ne suivent pas suffisamment le cyclisme le reste de l'année, mais le Tour est l'événement annuel pour eux. Une fois arrivés, je les accompagne quelques kilomètres, mais leur grosse glacière les fera s'arrêter avant moi. Je continue encore jusqu'à trouver l'emplacement de rêve, sur une pente à fort pourcentage, juste après un lacet.

En place

Beaucoup de cyclos, certains très faciles, d'autres en souffrance, mais les spectateurs n'hésitent pas à donner de la voix, en échange d'un sourire. Mais d'ailleurs comment vivent-ils cette montée ? Réponse de mon frère:

« Ah qu'il est dur ce col ! Normal, c'est un HC. Après la demi-montée de la veille, je savais que ça commençais doucement et surtout qu'il y avait ensuite des parties très dures. Mais de toute façon, je ne réfléchis pas sur mon vélo, je pars à vive allure. Peu de cyclistes sur les premiers kilomètres, personne ne me double. En revanche... j'en double quelques-uns. Premier mur: pente de 15% ! J'aime ça, mais qu'est-ce que c'est dur ! Heureusement, il y a des parties plus plates pour reprendre un peu son souffle mais, dans l'ensemble, ça monte bien. Les bornes kilométriques indiquent toujours de fortes pentes : 9%, 10%, 10.5%, 9.5%... ça change des premiers kilomètres avec 3% de moyenne.

Sur le bord de la route, des spectateurs m'encouragent, les enfants tendent les mains, et certains me tendent de l'eau. Ça me rebooste, je me mets en danseuse, j'accélère, mais je le regrette quelques mètres plus loin. Non, je ne monte pas à allure régulière. Au détour d'une courbe j'entends "Oh putain, ça descend". Effectivement, la montée n'est pas du tout régulière elle non plus.

La station

Les banderoles kilométriques du Tour sont enfin en place, il me reste 5 bornes ! Les derniers me semblent plus faciles. Le sont-ils réellement ou est-ce dû à l'excitation d'arriver en haut ? La route continue après la ligne d'arrivée, et moi aussi.

La suite est annoncée à 6.5%, mais vu la partie descendante qu'il y a, il doit y avoir un autre passage à 15%. C'est dur avec la fatigue du col. Au détour d'un virage deux cyclos m'annoncent que c'est un bon endroit pour s'arrêter, je les écoute. Après avoir discuté 5 minutes avec eux, je repars. Problème, la pente est vraiment forte, trop pour bien me dresser sur les pédales. L'un d'eux m'aide à repartir. Arrivé en haut du col, petite photo souvenir, j'enfile mon k-way et c'est parti pour la descente ! »

*
Sommet du col

Un groupe de cyclos espagnols s'installe à coté de nous, c'est bien là le problème des Pyrénées: les espagnols. 15h30: la caravane passe, les bobs et casquettes s'accumulent. 16h40: c'est enfin le passage des coureurs ! Beaucoup d'encouragement, surtout pour nos Français pourtant en difficultés ce mardi. #AllezThibaut ! On peut lire la souffrance sur leurs visages. Certains acceptent volontiers une petite poussette (moi aussi j'aurais accepté).

17h30: une fois la voiture balais passée, il est l'heure de redescendre. Les gens ont le sourire, cette journée a été belle. Longue descente, mais quel plaisir de recroiser ma petite famille d'adoption bordelaise ! Les enfants sont aux anges, les adultes impatients de rentrer. Une petite a même récupéré un bidon IAM offert par Sylvain CHAVANEL. Arrivée au point des retours navettes où une bonne cinquantaine de personnes sont installés sur les bas-côtés.

Les "organisateurs" nous annoncent "pas de retour avant 2h". Ce sera donc attente dans la bonne humeur, chacun raconte ses anecdotes en regardant passer le train de la caravane, et quelques chansons paillardes résonnent #LaBoiteuse. Quand les voitures et les bus des coureurs redescendent des applaudissements nourris se font entendre. 20h: enfin de retour au camp de base. Il faut plus de 4h pour rejoindre le Plateau de Beille, nous décidons donc de passer la nuit sur place et de partir le lendemain.

Apéro !

Le Plateau de Beille: Cosmopolitanie, déluge et petit cigare.

Départ aux aurores mercredi matin avec pour objectif d'arriver en début d'après-midi au Plateau de Beille. Mission réussie et installation de la tente à 2km du sommet, entre 2 camping-cars. Nous faisons connaissance avec nos voisins: Eddy, sa femme et leur petit fils. Eddy, la soixantaine passée et, en tant que Vendéen, il est bien évidement membre du fan club de Thomas Voeckler. Moi qui ne suis pas particulièrement fan du coureur ça commence bien.

Mais ce personnage atypique est tellement sympathique que nous partageons quelques bières et nos anecdotes de Tour et c'est tout fier qu'il nous raconte son invention: la "caravane tente". Qu'est-ce qu'une caravane-tente ? C'est une tente montée sur une remorque avec un plancher amovible. Un truc bien pratique quand il a commencé à suivre le Tour, dans les années 80 !

Plateau de Beille

L'ambiance commence à monter et c'est naturellement que nous rejoignons la scène. Car oui, sur le Plateau de Beille, une scène a été installée au milieu d'un camping sauvage, et quelques artistes s'y produisent. Autour, des buvettes où la bière coule à flot. Bienvenue au "Festival de Beille" ! Excellente soirée arrosée où se mêlent "anciens", jeunes, Hollandais, Belges et Français de tout l'Hexagone. 3h: il est temps d'aller se coucher. Au passage nous remercions les "cons" qui ont renversé les barrières de ne pas l'avoir fait sur la tente.

Jeudi, jour J. 9h: Eddy nous sort de notre sommeil, c'est l'heure d'aller s'installer. Pour coller au mieux à la course, je descends quelques kilomètres pour sortir des barrières et trouver l'endroit parfait, à l'ombre qui plus est.

David

Quelques instant après, une scène bizarre se déroule devant moi: un mec avec une voiture espagnole dépose 5 personnes et redescend pour en redéposer 4 autres ! David, un Américain au français parfait vient en fait de déposer 2 familles de Norvégiens. La cinquantaine et les cheveux blancs, il suit le Tour pour la première fois de sa vie. Il est venu avec sa fille. Ils viennent du Tourmalet où ils ont suivi l'étape de la veille. Ils ont dormi à Tarascon sur Ariège. Le matin il souhaitait monter en voiture, mais la route était fermée. Je ne sais pas par quel coup de chance il a réussi à trouver un chemin (oui oui un chemin en terre) qui mène au lieu-dit Pech, qui est dans la montée. Sympa (et contre quelques euros) il a fait le taxi pour les Norvégiens aux noms imprononçables (pléonasme). Eux connaissent bien le Tour puisqu'ils viennent souvent en vacances pour le suivre. Un ballon de foot américain nous permet de passer le temps (car oui à part encourager les cyclos qui montent, il ne se passe rien...).

D'ailleurs MacFly raconte-nous ta montée:

« Étant garés en haut du col, je commence par la descente. J'essaie donc de repérer les parties les plus faciles. En fait, je n'en ai pas trouvé... A peine arrivé en bas, je fais demi-tour et je me lance dans la montée. Dès le début, un mur, cool j'aime bien ça. En revanche, il n'y a pas de replat après pour se refaire. La montée du plateau de Beille est clairement plus régulière que la Pierre Saint Martin.

Je souffre des fortes chaleurs, alors monter le col par 37°C et en plein soleil, c'est très très dur. Du coup, je suis obligé de faire des pauses. Mais il y a plus de monde sur la route, ce qui signifie aussi plus d'encouragement: "Allez mon gars, plus que 15 km !", ça c'est moi qui m'encourage tout seul, à voix haute évidemment. Afin de me faire remarquer, j'ai choisi de faire la montée avec mon maillot de Saint-Étienne floqué à mon nom. Cela a donc entraîné les réactions attendues: les bonnes "Allez les verts !", "Bravo Perrin" et les moins bonnes "Allez Lyon", "Bouuuuh" ou encore quelques "Allez l'OM". Pas de quoi me décourager, au contraire, ça me donnait du pep's pour repartir de plus belle.

Lorsque j'ai enfin vu mon frère, synonyme de fin de montée, j'ai eu la bonne surprise d'être encouragé par d'autres spectateurs: mon frère a prévenu ses voisins de mon arrivée. David m'encourage sur 100 mètres, de quoi me motiver pour aller jusqu'à l'arrivée. Fermeture de la route à 500m, où la sécurité bloque tout le monde, et fait repartir le plus rapidement possible les amateurs fatigués. Impossible d'aller sur la ligne. Photo souvenir et direction le soleil, pas bête j'en profite pour remplir mes gourdes avant. »

Encouragé par David

13h : nous sommes loin d'imaginer ce qui va se produire. Un nuage gris (encore clair) masque le soleil. Cool on est bien à l'ombre ! 14h: quelques gouttes tombent, rien de bien méchant, et en plus ça permet de faire descendre la température. 15h: en fait ça tombe vraiment. Maillot du TFC trempé, chapeau mouillé, vivement la caravane... Pendant ce temps, les camionnettes l'Équipe ne vendent plus les kits soleil, mais plutôt les kits pluie: poncho et parapluie tout jaune. Trop tard nous sommes "trempe".

16h: enfin la caravane passe. Certains sont motivés, d'autres beaucoup moins, mais tous distribuent dans la bonne humeur et sous leurs jolis ponchos. J'en profite pour superposer les bobs cochonou et skoda sur mon chapeau, mais rien n'y fait. Les voitures ouvreuses annoncent que les coureurs ne passeront pas avant 40 minutes. Plus longtemps à attendre mais nous sommes toujours sous le déluge. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, voilà qu'il tombe des grêlons !

Pour passer le temps, on décide de compter les secondes. David se joint à nous, mais s'arrête à 100. Téméraires nous continuons jusqu'à 700, mais la pluie redouble d'intensité. Tous les spectateurs sont allés se cacher dans leur camping-car ou sous les tentes des buvettes. Seuls ceux bien équipés restent. C'est alors que David a la meilleure idée du monde: il ouvre sa voiture où nous nous réfugions à tour de rôle se réchauffer. 6 dans une Golf, c'est largement possible.

A la TV

Les coureurs arrivent enfin, sous une pluie impressionnante. Purito Rodriguez arrive en tête, Romain Bardet passe en 3e position. Les spectateurs français poussent, j'y perds ma voix (Romain en a besoin) mais ça réchauffe. Une fois l'ensemble des coureurs passés, nous rejoignons sous la pluie la voiture, changement de vêtements et au chaud dans l'habitacle. Comme par hasard, la pluie s'arrête 10 minutes après...

Direction le camping-car d'Eddy, histoire de voir le résumé de l'étape, boire une dernière bière et grignoter quelques cacahuètes. Une fois le train du Tour passé (caravane + véhicules des équipes + véhicules de presses), nous en profitons pour sortir les barrières et quitter le Plateau de Beille. 21h30: pause repas au McDo de Foix rempli de bob verts et casquettes à pois.

C'est fini...

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