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Tour de France 2019

Pour (re)vivre les autres éditions, c'est par là: 2015 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024.


Comme tous les ans, le tour de France est la tradition de l'été. Depuis 2007, je ne l'ai manqué qu'une seule fois, c'est dire... Cette année, après avoir fait les cyclocross, les classiques printanières ainsi que quelques courses dans la région, je suis prêt pour la plus grande course de l'année.

Et le parcours 2019 va me permettre d'y aller par deux fois. La première, pour le Grand départ à Bruxelles. J'y ferais les 2 étapes du weekend. La deuxième, comme tous les ans, dans les Pyrénées, où je vais en profiter pour passer une semaine de vacances.

Ayant échoué dans la préparation d'un résumé court, j'ai décidé de publier cet article en chapitres.


Chapitre 1: Une odeur de Flandre à Bruxelles

Samedi matin, le départ est prévu tôt. Je me suis organisé à l'arrache. Si bien qu'au premier point de passage, le AirBnB où je passerais la nuit, je n'avais pas totalment les coordonnées de mon hôte. Sans sonnette ni numéro de téléphone, j'ai galéré pour le joindre. J'ai finalement réussi et ai pu déposer mes affaires chez lui.

Puis me voilà parti en direction de Grammont. En arrivant près de la ville, je reconnais les rues que j'avais traversées pour aller au Nieuwsblad. Mais Tour de France oblige, les routes sont fermées très tôt. Trop tôt pour que je puisse me garer proche. 15km, on va y aller en vélo, ça sera plus simple. Je trouve facilement une place pour me garer puis commence ma sortie. Sur la route, déjà pas mal de monde. Et des flics aussi, dont un qui ne veut pas me laisser continuer sur le tracé du tour. Un petit détour plus tard, je reviens pour ne plus me faire bloquer.

Que de monde sur la route

Puis à l'approche de Grammont, il est l'heure de la caravane. Alors je pose le vélo, me mets en tenue de supporter et récupère les Goodies. Tellement habitué de recevoir les mêmes, il n'y a plus que la nourriture qui m'intéresse. Énorme déception lorsque je ne vois ni Cochonou, ni Haribo ! (Ils ne sont pas venus en Belgique.) Heureusement, je peux me rattraper en récupérant un maillot Total Direct Énergie. Il suffit d'avoir la technique... le reste, je le laisse gentiment aux personnes à côté de moi. Puis je repars en direction du Muur. Malheureusement, trop de monde dans les parages, impossible d'y aller en vélo.

Je prends donc une rue parallèle pour tenter d'aller plutôt dans le Bosberg. Petite info pour ceux qui voudraient faire pareil un jour: les rues parallèles sont aussi très pentues, à plus de 10%. Une petite descente pour ensuite commencer la montée du Bosberg. Mais dès le début de la section pavée, la police est encore là pour empêcher d'y aller en vélo. Solution B, passer par le petit chemin qui longe la route. Me voilà donc, tout de Bleu-Blanc-Rouge vêtu, un vélo sur l'épaule, me baladant en forêt. Rien de plus normal. Je trouve alors, un passage pour rejoindre le mont pavé. En arrivant derrière les barrières, un groupe de Belges me propose gentiment une Bière. L'hospitalité Belge ! Mais c'est un peu serré à leurs côtés, je vais aller chercher un meilleur coin. Un peu plus bas, deux passages de barrières avec le vélo pour traverser, une descente avec mes chaussures de vélo sur les pavés, me voilà avec une meilleure vue sur le mont et un peu plus de place. De quoi être bien pour attendre les coureurs.

Par amour des pavés

J'essaye d'avoir quelques infos sur la course: 4 en tête dont GVA mais aucun français. Je profite de l'attente pour discuter un peu avec mes voisins, des français, qui habitent maintenant dans le coin. Je me ravitaille avec les gâteaux offerts par Leclerc. Je suis rapidement la course grâce sur les téléphones proches. Mais leur connexion lague un peu alors que les coureurs sont tout proches. Ils sont dans Grammont, je reconnais ces passages à 20% qui m'ont fait souffrir plus tôt cette année. Ils ne sont plus très loin. La tension monte dans le Bosberg !

Ça y est, ils arrivent. Greg en tête, porté par tout le peuple Belge, avec un seul compagnon d'échappée. Les deux autres ont perdu du terrain dans la terrible montée de Grammont. Comme à mon habitude, je donne tout ce que j'ai pour eux. Et mes voisins sont toujours autant surpris quand je me lance. Et je donne tout pour les deux poursuivants aussi. Eux qui sont juste derrière, alors que tous les spectateurs ont les yeux rivés sur le duo de tête pour voir qui passe en tête au sommet.

Un peu surprise ma voisine

Puis un peu de répit, le temps d'attendre le peloton. Il arrivera bien groupé, l'équipe Deceuninck à l'avant, assurant son statut d'équipe flandrienne par excellence. Difficile de repérer les coureurs dans le tas, mais j'aurais le temps de voir notre Wawa national dans son maillot Bleu-Blanc-Rouge qu'il étrenne pour l'occasion. Avec le rythme et l'habitude, je tiens tout le long du peloton. Les voitures suiveuses passent, puis la voiture balais, déjà fini ? Non, ce n'est que le début...

A quelques cm de Wawa

Il est temps de remonter sur le vélo. La descente du Bosberg se fait au milieu des piétons. Mais on ne peut pas laisser le Bosberg comme ça, il faut au moins le monter une fois ! Chose faite, sous les encouragements des supporters encore en bord de route. De manière toujours très discrète puisque j'ai gardé ma tenue de supporter sur le dos.

Redescente puis retour vers la voiture. La petite descente de toute à l'heure est tout de suite moins agréable... Mais bonne surprise en haut, puisque je trouve une flèche directionnelle du Tour ! Toujours aussi galère à récupérer en raison de leur fil de fer coupé à ras. Heureusement aidé par les petites vieilles du coin qui ont pu avoir des ciseaux au café d'à côté. Elles me proposent même un maillot à pois en souvenir du tour, mais seule la flèche fera mon bonheur.

C'est par où ?

Je repars alors vers la voiture, la flèche sur le dos. C'est à ce moment-là que je me dis que les 15km de l'aller, c'était peut-être un peu trop, mais je n'ai plus le choix. Rouler sur les routes désertées par les spectateurs alors que je viens d'enlever mon déguisement. De retour à la voiture, je mets un short t-shirt rapidement et repars, d'abord vers le McDo tout proche puis vers Bruxelles. Et oui, il est suffisamment tôt pour que j'aille aussi sur la ligne d'arrivée.

Quand t'as les boules...

Direction l'Atomium donc, où j'arrive tant bien que mal à me garer. Je ressors alors ma tenue, mon vélo et vais vers la ligne. Beaucoup de monde en vue. Et de plus en plus en se rapprochant de la ligne. Alors que j'hésite à quoi faire, une personne, enregistreur à la main vient me poser quelques questions sur ma passion du Tour. Il s'agit d'une journaliste Portugaise, à qui je donne toute mes infos. Je décide alors de contourner la ligne, trop bondée pour aller trouver une place dans le dernier km.

Énormément de monde le long des barrières. Deux à trois rangés de personnes de partout, ça va être très difficile de trouver une place pour moi et mon vélo. Un deuxième rang se profile sur les barrières fixes des trottoirs. Il me faudra donc aller au 3ème rang: sur les grilles du jardin avoisinant. En utilisant mon vélo comme appui, le maillot TDE pour amortir sous mes pieds.

Torse nu sur les grilles de Bruxelles...

Je profite aussi de l'écran géant installé proche de la ligne pour suivre la progression des coureurs. Stéphane Rossetto rattrapé, moins de 5km, la tension est palpable chez les belges même si le favori du jour est hollandais. 2km, tout le monde est là, plus aucun espace libre pour être au plus près de la course. 1.5km, chute dans le peloton, qui se désorganise... 1km, la flamme rouge, échange de regards entre l'écran géant et la route d'où ils vont surgir d'un instant à l'autre.

500m, les voilà ! Les Jumbo-Visma et Deceuninck en tête, mais comme l'impression que personne ne prend le lead dans cette arrivée en faux plat montant. Chose confirmée alors que Mike Teunissen, loin d'être favori de l'étape, s'impose alors qu'un deuxième groupe passe sous mes encouragements. Tous les coureurs auront droit à mes "Allez allez", alors que j'aperçois Romain au milieu d'un groupe, bien entouré par ses coéquipiers.

Passage de la voiture balai. C'est donc la fin de cette première étape, déjà de bons moments de passés ! Bon j'ai un peu moins géré le retour à la voiture. Alors que tous les spectateurs remontent vers la ligne et que les policiers bloquent le passage, c'est encore plus difficile avec le vélo. Lorsque le champ se libère un peu, je contourne les embouteillages et tente d'aller voir les coureurs.

De retour dans le bus

Mais trop tard, les bus repartent déjà, je n'aurais que le temps d'apercevoir Benoit Cosnefroy, menton bandé suite à sa chute du jour. Plus d'équipe française dans le paddock, tant pis, je rentre à la voiture, une longue journée m'attend demain. De retour au AirBnB, la traditionnelle pizza sera mangée dans le jardin, sur un transat, la vie est belle !

Relive le Bosberg
Relive le final

Chapitre 2: Une équipe de choc dans les rues bruxelloises

Deuxième jour de ce tour de France 2019. Au programme, un contre la montre par équipe pour les coureurs, et une grosse sortie en vélo pour moi. Pour ne pas me retrouver bloqué en voiture dans les rues Bruxelloises, je décide d'y aller en vélo. 20 kilomètres et quelques du AirBnB, ce n'est pas énorme pour le cycliste que je suis.

Arrivé près de l'Atomium de bonne heure, j'en profite pour faire des photos, comme tout bon touriste. La ligne est bien installée, avec les peintures au sol qui sont en cours, les espaces VIP et les stations de commentateurs, encore vides à cette heure-là. Il est trop tôt pour s'installer, même si regarder les dessins animés sur écran géant est tentant...

Marion Rousse est par là ?

Je m'en vais plutôt sur la route, pour repérer un peu le circuit et surtout profiter de cet espace sans voitures ! Un régal la 3 voies déserte... j'en profite même pour prendre un 4ème temps global sur le segment Strava. Je roule tranquille, remontant le circuit à contre sens, croisant peu de cyclistes. Puis me fais doubler par deux cyclistes. Et là, je reconnais des maillots France TV, des voix qui rythment nos étés, leurs styles caractéristiques. Thomas Voeckler et Nicolas Geay viennent de me doubler ! Trop stylé ! Je me relance pour revenir à leur niveau et demander si je peux rouler avec eux. "Aucun problème, c'est gentil de demander." Me répond Thomas.

Ils continuent alors leur discussion, débriefent du vélo club de la veille: Thomas préfère utiliser ses connaissances dans le peloton pour interviewer Wawa et autres champions, plutôt que les reportages sur "les mecs qui font du vélo à poil". Attention Thomas, j'en fais partie de ces fous... il essaie de se rattraper mais je le rassure en lui disant que je comprends son avis. Je profite de la présence des deux vedettes de la télé pour faire une petit selfie. Mais je profite aussi de leur accréditation pour passer les barrages de la police. Alors que tout seul, j'aurais dû quitter la route, Nicolas m'ouvre la route en montrant son badge aux policiers qui filtrent. Plaisir de courte durée alors qu'ils prennent un raccourci pour rejoindre le départ et que je continue ma reconnaissance du circuit. Je les remercie pour cette sortie et continue sur la route.

Dans la roue des plus grands

Mais sans accréditation, je me fais rapidement arrêter par la police et dois continuer derrière les barrières. Ce n'est pas le mieux pour rouler, sur les trottoirs, parfois sur des chemins, mais je n'ai pas le choix. Malgré tout, l'ambiance est toujours bonne sur les routes du Tour. Alors qu'un policier fait semblant d'être renversé par un collègue, je lui demande si c'est autorisé d'écraser les flics. Il me répond qu'aujourd'hui oui, tout est possible. Son collègue me dit, depuis le haut-parleur de la voiture, de faire attention, il m'a à l'œil.

J'arrive au pointage intermédiaire, à 13km. Mince, je pensais que le tour complet en faisait 16... Il m'en reste donc quelques-uns, entre routes fermées et trottoirs. Pour que les gens s'écartent sur mon passage, j'utilise ma botte secrète: chanter. Et là, début de fou-rire, alors que je chante "Je ne suis pas un héros", un cycliste que je croise me répond: "Moi, j'en suis un !" La magie du Tour de France ♥.

J'arrive ensuite vers le centre de Bruxelles. De plus en plus de monde sur les bords de route. Je décide de me poser un petit peu. Me changer. C'est à ce moment-là que les équipes décident de passer une première fois pour leur échauffement. Je décide donc d'y rester un peu plus longtemps, commence à discuter avec mes voisins et encourage les équipes lorsqu'elles passent devant moi. Des "Allez allez" pour la plupart, mais des encouragements plus poussés pour les équipes et/ou coureurs français: "Romain Bardet, Romain Bardet, Romain, Romain, Romain Bardet".

Allez Romain

Toujours de quoi rester discret dans le secteur. Et lors du passage d'Arkéa-Samsic, alors que je donne de la voix pour notre champion de France, Wawa me repère, se retourne vers moi avec le sourire et me fait un merci de la main. Wawa je t'aime ♥. Les passants repèrent alors que je suis connaisseur et se tournent vers moi pour me poser des questions techniques sur la course: qui sont les favoris ? Quelles équipes ne sont pas encore passées à l'échauffement ? À quelle heure la caravane ? A ce sujet, mes voisins souhaitent que je reste à côté d'eux pour avoir plus de cadeaux, et notamment un maillot Total Direct-Énergie. Mais je leur dis que si j'en attrape un, ça sera pour l'offrir à mon frère.

Une fois que toutes les équipes sont passées, je continue ma route vers la ligne de départ. Trottoirs pleins, je passe donc par les rues parallèles. Mais près de la ligne, vraiment trop de monde. J'essaie de m'y approcher, tente d'aller à côté des bus. Mais échec total, trop compliqué de se déplacer, surtout avec un vélo, et surtout sans accréditation. Tant pis, je vais plutôt aller trouver une place sur le parcours. En repartant, je croise la caravane qui démarre, alors que je prends un raccourci pour aller vers la 2ème partie du parcours. Je trouve un endroit sans beaucoup de spectateurs. Ça sera parfait pour le passage de la caravane.

J'ai soif

Mais quand les premières voitures arrivent, une horde de gamins sort de la maison d'en face et vient s'installer à côté de moi. Ils sont déchaînés, sautent de partout pour la caravane ! Je me décale légèrement pour avoir plus de place. Lors du passage des véhicules, un voisin est installé à côté de moi, je lui laisse les porte-clés et autres aimants. Je récupère un maillot TDE grâce à ma botte secrète, me prend un tour de cou Continental en pleine tête et récupère les gâteaux que mon voisin me laisse. Une fois la caravane passée, je repars pour trouver un meilleur endroit, en laissant le reste de goodies aux gamins.

Mais trouver une bonne place est plus compliqué que prévu alors que la foule est présente en masse, et que la première équipe arrive. Bon, c'est les Ineos, donc pas de précipitation pour trouver une place et les encourager. Quelques mètres plus loin, je trouve une petite place pour encourager Wawa à nouveau. "Warren Barguil ! Warren Barguil ! Warren Warren Warren Barguil !".

Warren Barguil

Mais pas totalement satisfait de cet endroit, et préférant rouler un peu entre les passages, je continue mon chemin. En me posant, j'aurais droit aux voisins content "Reste ici, au moins, ça sera plus facile pour se voir à la TV", ceux qui me prennent pour un fou "Oh un clown", ceux qui me prennent en photo, les français "Ah voilà un vrai français au moins". Puis près du point intermédiaire, après un détour en pleine foret, j'entends un "Allez allez" sur mon rythme. Deux jeunes m'ont repéré, je vais alors les voir: "we were next to you in the Paterberg during the tour of Flanders". Mon déguisement et mes encouragements les ont marqués, surement pour longtemps...

Je reste avec eux pour quelques équipes, mais en raison de la faible visibilité, je poursuis mon chemin. Quelques centaines de mètres plus loin, je trouve un bon endroit: belle visibilité, peu de monde. J'y resterais jusqu'à la fin, alors que les voisins se bouchent les oreilles à chaque équipe et que les français d'en face viennent me prendre en photo, rien d'inhabituel maintenant...

Il y avait un peu plus de monde pendant la course

Une fois toutes les équipes passées, il est temps de se changer et de rentrer. Je suis le tracé, toujours vidé des voitures. Mais encore une fois impossible d'y rester, la police me dit qu'ils doivent nettoyer la route avant de la ré-ouvrir. J'aurais même droit au policier intransigeant, qui ne veut pas que je circule sur la voie barriérée, qui me semblait pourtant plus sécurisée que la pseudo piste cyclable... Je passe alors sous le panneau indiquant 8km de l'arrivée. Et merde, je croyais qu'il y avait moins, sachant que j'ai 20km après, et en ai déjà fait plus de 70. Il faudra donc faire plus de 100 ! Ça ne sera que le 7ème weekend d'affilé avec une telle sortie.

Je ne prends pas le temps de m'arrêter à la ligne d'arrivée, les coureurs doivent déjà être repartis vers leur hôtel. Et je suis assez fatigué, la route est moins plate qu'aux Pays-Bas. De retour (enfin) au AirBnB, j'ai pu négocier une douche avant de reprendre la route, ce fut une bonne idée.

Relive le TTT

Voilà, c'est la fin de ce premier weekend de tour. Un super weekend ! Vivement les Pyrénées pour remettre ça...


Chapitre 3: Des Pays-Bas aux Pyrénées

Pour la deuxième partie de ce Tour de France, j'ai beaucoup de route au programme: plus de 1 000 km. Malgré mon départ tôt, à 6h15, je n'ai pas pu éviter la chaleur et le monde qui partait en vacances. J'aurais suivi le final de l'étape sur RMC. J'étais comme un fou lorsque Julian attaque dans le final, suivi par Thibaut Pinot ! Allez Juju ! Allez Thibaut ! Je gueulais dans la voiture... Jusqu'au final, j'avais la radio à fond et explosais de joie dans ce final magnifique !

Ils m'ont vendu du rêve

Arrivé chez mes parents crevé, j'aurais droit à une bonne nouvelle: un hébergement dans les Pyrénées pour passer quelques jours avant le passage des coureurs. Pas besoin de valider la reservation de celui que j'avais prévu. Je passerais le dimanche en famille, le lundi à préparer toutes les affaires pour le Tour et le soir venu, me voilà parti !

Beaucoup moins de monde sur la route (on est mieux sans les Parigots sur l'autoroute...), j'arrive donc le soir à Jézeau, près d'Arreau, au pied des montagnes ! Le lendemain, à l'assaut de celles-ci ! Je pars dès le matin depuis Saint-Lary, en direction des lacs avoisinants. Enfin un peu de dénivelé ! Ça change des Pays-Bas. Je commence par un petit tour d'échauffement, sur ces routes qui me refont penser à l'étape de l'an dernier vers le col du Portet. Ce n'est pas la même direction cette fois-ci. Mais un beau programme en vue.

Toujours le sourire

Demi-tour, et en route vers les sommets ! Vite arrêté par un groupe de gamins qui traversent la route devant moi. Ça commence à monter dès le début. Une route assez large pour commencer. Un peu de circulation, c'est quand même une route qui mène à l'Espagne. Le bitume est en bon état, mais ça c'est surtout important pour la descente. J'y vais tranquille, j'avais un peu repéré que les pourcentages élevés n'étaient qu'à partir du moment où on quitte la grande route.

J'y arrive finalement après quelques kilomètres. Un camion est en train de manœuvrer dans l'intersection, je fais une petite pause le temps de le laisser faire. En repartant, changement de terrain ! La route est beaucoup moins large, les voitures ne pourront pas trop s'écarter en doublant. La route est en moins bon état, mais ce n'est pas vraiment un problème, elle est quand même bien. Et surtout les pourcentages augmentent. Fini les 5-6%, on entre dans des parties à 7 ou 8%.

Ce paysage...

Toujours plein d'entrain, je continue mon chemin. Je pense à bien manger et m'hydrater. Il y a aussi la chaleur qui peut me jouer des tours. Les km passent, sous les encouragements d'une gamine, à la fenêtre de sa voiture. Qui me double plusieurs fois après avoir fait des pauses. Pour ma part, pas de pause. Tout d'une seule traite. Seul petit moment de répit, lorsque l'on arrive au croisement des deux lacs. Je commence par celui de droite. Et c'est par une petite descente que cette partie débute.

De quoi se faire plaisir avec une petite pointe au-delà des 50km/h. Mais la descente ne dure pas longtemps et il faut se remettre à grimper. Et là, j'arrive sur une barrière, laissant le champ libre aux cyclistes mais bloquant les voitures. La route est à moi ! Aussi au bus qui fait la navette, et aux quelques autres cyclistes.

Très peu de cyclistes sur cette montée j'ai trouvé. Juste une famille, qui faisait une pause lorsque je les doublais. Bon il faut dire que c'est mardi, que cette montée n'est pas connue, et que sa pente pourrait en refroidir quelques-uns. Je suis sur des passages à plus de 10%, c'est vrai que ça monte bien, mais c'est pour ça qu'on est là ! Et de toute façon, on ne peut pas s'arrêter maintenant, il faut aller jusqu'au bout, aller jusqu'au lac.

Autour des lacs...

Je regarde le plan sur mon GPS, j'y suis presque, et surtout la pente s'arrête, il y a même une petite descente pour arriver au lac. Effectivement, j'ai fini la montée ! Je peux reprendre un peu de vitesse et remettre du braquet. Sur ma droite, un premier lac, d'un bleu magnifique, avec la montagne en fond. Au bout de la route, j'arrive sur le deuxième lac, celui d'Aubert. Une eau pure, les sommets avoisinants, dont certains encore enneigés, des vaches qui viennent se rafraîchir. Je me pose et profite de ce paysage ! On est tellement bien là, Martin et moi... je pourrais y rester des heures. Mais il reste encore un peu de route.

Il manque quoi là ?

Une petite remontée pour repartir, mais pas très difficile au vu des 20 kilomètres et quelques précédents. Puis la descente. Pas de voitures sur la 1ère partie, ça veut dire que je peux y aller fort ! En restant prudent évidemment, mais les longues lignes droites, sur une route dégagée et en bon état, c'est un pur régal ! À plus de 70km/h (pensée pour maman qui doit s'inquiéter en lisant ça...).

Mais la descente passe bien plus rapidement que la montée. Me voilà déjà à la barrière, qui signifie aussi une autre remontée. Il faut bien penser à changer de braquet, ça ne passera pas en gros plateau. Et là je me rends rapidement compte que la descente était bonne, ça monte à plus de 10%... puis je retombe sur l'intersection et prend donc à droite pour aller découvrir l'autre lac.

Quelques kilomètres d'une montée régulière et donc bien dure. En arrivant vers le haut quelques lacets, qui permettent de profiter du paysage, d'apercevoir ce qu'il me reste à grimper, et ce que je viens de faire. Je vois aussi deux cyclistes qui arrivent derrière. Ils ont l'air plus rapide que moi, mais le sommet est proche, je ne peux pas les laisser me rattraper. Encore 2 lacets pour moi, 3 pour eux. Mais ça va le faire, je vois le sommet, et ils sont encore derrière. J'arrive donc, en tête, au lac de cap de long. Long, comme la route pour y arriver, mais un bonheur d'y être !

Cette vue...

Un peu déçu au sommet, le premier lac était beaucoup plus joli. Je profite quand même du paysage après l'effort. Puis repars pour la descente, la route est plus petite que de l'autre côté, mais les pourcentages me permettent de me faire sacrément plaisir. Je rattrape même une voiture, mais impossible de la doubler, je m'arrête un peu pour lui laisser du champ, et repars. Bon je retombe sur lui quelques km plus loin. Mais comme on arrive sur la première intersection, pas de problème, il va de l'autre côté. Je termine donc la descente tranquille, la route étant plus large et bien droite, je pars à fond pour tenter une nouvelle pointe de vitesse. Mais la pente plus faible ne me permettra pas d'y arriver. Aucun problème, ce fut une sacré belle sortie !

Ces lacets...

De retour à la voiture, je rentre direct à l'appart. Deux bonnes nouvelles m'y attendent: La première, c'est que j'ai encore gagné quelque chose grâce à twitter. Cette fois-ci c'est une place au sein de la caravane du Tour lors de l'étape de Pau. Un grand merci à @socquette_LGR et Le gaulois pour ce cadeau ! Deuxième surprise: une tartiflette pour le repas de ce soir préparée par mes hôtes de la semaine (maman, si tu me lis et que tu veux que je reste à la maison plus longtemps la prochaine fois, tu sais ce qui me fait plaisir...). Fin de journée avec une petite balade dans le marché nocturne d'Arreau pour digérer un peu et se préparer pour la sortie du lendemain.

Relive les lacs

Chapitre 4: Repérages depuis un col de légende

Mercredi, c'est un col mythique des Pyrénées qui m'attend. Le départ n'est pas vraiment à côté, plus d'une heure de voiture pour me retrouver à Argelès-Gazost. Je me gare au pied du col. Derrière moi, les pourcentages font déjà peur. Je vais donc commencer par un petit peu de plat pour me chauffer les jambes avant d'attaquer ce monstre. 10km plus tard, me voilà prêt pour y aller.

Les premiers kilomètres sont durs, sachant que le col est long, je sens que je vais souffrir. Mais après en avoir fait quelques-uns, la pente diminue, je peux donc respirer un peu. Les pourcentages faibles me permettent de commenter ma montée "mais c'est plat ça, quand est-ce que ça monte ?", "bientôt bientôt" me répond une passante. Effectivement, je retombe rapidement sur les pourcentages plus élevés. Je double quelques cyclistes et me fais doubler aussi. Surtout ne pas faire le con et essayer de suivre. Je monte à mon rythme, tranquillement mais surement.

Puis on arrive dans les nuages, il ne fait pas très chaud, mais avec l'effort, on le sent moins. Les pourcentages sont là, les kilomètres aussi, je vais bientôt arriver au sommet. Toujours dans le brouillard, on ne peut pas vraiment profiter de la vue. Mais ce sommet n'est pas vraiment le sommet final. Il y a quelques km de descente, puis une dernière remontée pour y être. Alors je mets le k-way et repars rapidement. La descente permet de se reposer un peu, reprendre des forces pour finir fort.

Quel beau temps

En début de remontée, un tunnel, non éclairé, j'espère qu'il n'y a pas de danger au milieu, je n'y vois rien du tout... puis un peu plus loin, des chevaux au milieu de la route, des chèvres et des vaches sur le côté, une superbe vue maintenant que les nuages sont un peu moins nombreux: la nature, la montagne, la liberté comme on les aime ! C'est fantastique !

Avec des commentaires live...

À quelques centaines de mètres du sommet, je vois un groupe qui arrive derrière moi. Un club cycliste qui a décidé de faire cette montée le même jour que moi. Je ne peux pas les laisser finir le col avant moi. Alors j'accélère une dernière fois, sprinte, les vois revenir pas loin, mais c'est moi le 1er en haut, j'y suis ! YESSS ! C'est fait, un nouveau col de fait sur ma liste, et pas des moindres: l'Aubisque !

L'aubisque, cette légende

Après quelques photos au sommet, je repars dans la descente. Avec la joie d'être arrivé en haut, je suis chaud et me mets à chanter ! Je pars fort aussi, tellement que les voitures me gênent et je dois les doubler. Mais c'est pas grave, je viens de monter l'Aubisque. Allez là ! Je me fatigue la voix dans cette descente... me mets à gueuler lorsque je passe dans le tunnel.

Bon je fais un peu moins le malin quand il faut remonter un peu. Mais ça ne dure pas très longtemps. Je retombe rapidement sur le sommet du Soulor. Avec toujours une vue magnifique dans les nuages ! Alors ça ne sert à rien de rester là, je repars dans la descente. En évitant d'être juste derrière une voiture. Je viens déjà de doubler un camping-car, ce n'est pas le plus agréable à faire, même quand il se serre pour me laisser passer. Je profite autant de la descente que j'ai profité de la montée. C'est à dire que je prends un plaisir fou ! À fond quand je peux, l'adrénaline de cette descente !

A écouter avec le son...

Bon quand on retombe sur la partie qui ne montait pas beaucoup à l'aller, je vais forcément moins vite, mais profite un peu de l'aspiration derrière d'autres cyclos. Puis derniers gros pourcentages, j'y mets tout ce qu'il me reste. Puis je retombe sur la voiture. Cramé comme la veille, mais sacrément heureux de cette sortie !

Relive l'Aubisque

Je reprends la voiture, mais pas pour rentrer. Plutôt pour aller la garer en montagne, dans la Hourquette d'Ancizan pour être précis. J'y vais en passant par le Tourmalet, où j'irai dormir dans deux jours. Et là, déjà une bonne surprise ! Alors que dans les premiers kilomètres, il est difficile de se garer, les derniers sont déjà pleins de camping-cars, caravanes et tentes ! Ça risque d'être compliqué d'y trouver une place dans deux jours...

Au pied de la descente, je m'arrête auprès de 4 autostoppeuses qui voulaient monter vers la Hourquette. Malheureusement, j'ai le vélo à l'arrière et ne peux pas les prendre. Mais elles auront apprécié de voir un lion des Flandres trainer dans ma voiture. Je monte donc le col avec l'objectif d'y trouver une place pour la voiture. Le sommet est bien rempli entre caravanes et voitures individuelles.

Il est difficile de se croiser dans les derniers kilomètres, alors que les policiers commencent à placer les barrières. Je fais demi-tour en haut et cherche une place pas trop loin. À 2km du sommet se trouve un grand parking improvisé. J'y gare la voiture, à côté d'un camping-car. Je lui demande gentiment de garder un œil sur la voiture. Pendant ce temps, je me change, prends quelques affaires et repars vers le col. Deux petits km de montée, des photos au sommet, et j'entame la descente en chantant !

A demain la Hourquette

Avec le monde qu'il y a sur le bord de la route, c'est plus prudent. Et plus marrant aussi: les gens se retournent, sourient, me disent bonjour, m'encouragent, la magie du Tour est encore là ! Je me permets aussi de chambrer des supporters marseillais qui n'avaient rien demandé. De chant en chant, je sens ma voix qui descend autant que moi. J'arrive alors près d'Ancizan, au niveau du carrefour qui indique le pied du col. Il me reste encore quelques kilomètres, de faux plat pour rejoindre Arreau, toujours en chantant dans le village. Puis une dernière remontée pour rejoindre Jézeau. Effectivement, ça monte un peu, avec un petit passage à 11%.

Relive la reco du col

Le soir, un bon plat de pâtes pour prendre des forces pour le lendemain, puis je me repose en regardant les étoiles depuis la terrasse.


Chapitre 5: La Hourquette mais pas dans 6 ans

Jeudi, jour de Tour. Je me prépare tranquillement, remercie mes hôtes de ces trois jours et me lance à l'assaut de la Hourquette d'Ancizan, les coureurs seront là dans 6 heures... Vélo et sac-à-dos bien chargés de toutes mes affaires, je redescends sur Arreau. Les routes sont fermées, les policiers régulent déjà la circulation. Pas de problème pour moi, je suis en vélo ! Le faux plat est autant faux plat dans ce sens-là pour rejoindre le pied du col, ça fait un bon échauffement.

Puis je tourne à droite, les premières pentes, mais aussi les premiers petits vieux sur leur chaises pliantes, le Tour est proche ! Le col n'est pas très long, c'est surtout les pourcentages qui font sa difficulté. Mais avec l'ambiance du Tour, c'est plus facile. Je fais d'ailleurs quelques kilomètres avec le camion boutique. Musique à fond, ça me motive ! Bon je sais qu'il ne faut pas que je me mette à chanter sinon je risque de souffrir... Mais je danse sur mon vélo et réagit à ses propos. Alors qu'il tente de vendre des parapluies à des Bretons, je lui lâche "ils en ont déjà, ils sont nés avec !". Voyant mon cuissard Roubaix, il me rétorque "ne fais pas trop le malin le Roubaisien, c'est pas mieux chez toi".

Le paysage est plus beau que le temps

Sur le bord de la routes, alors que certains ne font que regarder passer tous les cyclos amateurs, d'autres encouragent "allez plus fort" je leur lâche en les remerciant de la main. À ceux qui jouent aux cartes, je leur dit "attention le petit il triche", "oui je sais" me répond le père. À ceux qui mangent, je leur demande des chips ou du saucisson... et à ceux qui dorment, je me retiens de pousser un grand cri. À l'approche du sommet, je cherche un coin sympa, puis lance un sprint contre le cyclo le plus proche, histoire de pimenter le final !

Un peu plus de monde qu'hier

Trop de monde au sommet, je redescends un peu, en chantant pour que les gens m'entendent arriver. Remonte un peu parce que je ne trouve pas mon bonheur. Je m'arrête au début des barrières, qui ne sont en fait que des cordes de protections. Alors que je demande un mec de la sécu s'ils bloquent après, le papy qui était là depuis le matin, commence à discuter avec moi, avec les agents de sécu. Après quelques minutes à discuter je décide de m'installer ici, ils ont l'air sympa. Je retiendrais qu'il faut être alcoolique pour rejoindre l'agence de sécu, et qu'avec eux, le papy et sa femme, ainsi que la gamine d'à côté et ses grand parents, le temps est passé plus vite.

Il est alors l'heure de la caravane ! Je change de côté pour avoir moins de monde autour et me mets en tenue tricolore. Au passage de la caravane, j'essaie d'avoir le plus à manger possible, gratte un troisième maillot Total Direct-Énergie grâce à ma botte secrète, offre un N-ième bob Cochonou à l'agent de sécu, et m'énerve contre un connard d'Espagnol qui ne veut pas me laisser le sachet Haribo qui est tombé derrière mon vélo... Les extras, je les laisse à la gamine d'en face qui en est toute contente.

La technique pour le maillot TDE...

En attentant les coureurs, les derniers passant rigolent de mon look, certains prennent des photos, puis quelqu'un vient m'interviewer ! Il s'agit d'une chaine de TV norvégienne: "Vous faites beaucoup de courses comme ça ?" "Cette année j'ai fait des cyclocross, des classiques flandriennes, des petites courses locales et maintenant le Tour" "c'est un peu le main-event de la saison ?" "Exactement, je suis chaud !" "Et ça donne quoi comme encouragements ?". Il s'écarte un peu, fixe bien sa caméra et me voilà parti pour une série de "Allez allez !". Avec un grand sourire, il me félicite, me remercie pour l'extrait et me souhaite une bonne course.

Tous les spectateurs des alentours m'ont remarqué lors de mes encouragements improvisés. Le papy d'en face dit alors "il cachait bien son jeu, on l'imaginait pas crier comme ça, calme comme il était...". Je leur fait alors part de mes talents en descente "ah mais c'était toi ! On s'est dit qu'il était fou le type à chanter, qu'il fallait l'envoyer à l'asile !". Quelle belle réputation je me suis faite... Quelques minutes plus tard, je vois passer les norvégiens de l'an dernier, ceux qui avaient monté le col du Portet avec une sono sur le dos. Sans la sono cette année, ça fait plaisir de retrouver des habitués (dommage de ne pas avoir revu les "trous du cul de Mazamet").

Sacré norvégiens

Mais à quelques minutes du passage des coureurs, alerte ! Un spectateur s'est blessé. D'abord secouru par l'agent de sécurité qui s'est précipité lors des cris. Les premiers policiers proposent de le mettre dans une voiture pour le monter, refusé. Les pompiers descendent alors à pied, le mettent sous perfusion, alors que le camion descend, et fait un demi-tour sur la route un peu trop étroite pour lui. Les voitures d'avant tour arrivent et ne peuvent pas doubler les pompiers "les coureurs sont en bas du col, comment on fait si ils arrivent ?" Heureusement il a pu être mis sur civière et repartir avec le camion. Il regardera l'étape depuis l'hôpital, pas de chance. Il avait en fait glissé sur le flanc de montagne, sa cheville cassée faisait que son pied n'était pas dans la bonne direction. Pas joli à voir, mais je n'ai pas eu à voir.

Alors que je discute au téléphone avec le père de la gamine (la grand-mère galérait à comprendre et m'a laissé son téléphone), la tension de l'arrivée des coureurs se présente. Les hélicos se font entendre, les premières voitures et motos passent. Puis les premiers hommes de têtes. Yates et Mühlberger qui vont se disputer la victoire. Puis ils sont un par uns, l'échappée a complétement pétée ! Trentin qui a commencé le col en tête est à plusieurs minutes. Mais pour chaque coureur, je suis là à donner de la voix.

Très discret le cuissard

Certains visages sont fermés, cette première étape de montagne fait des dégâts. Puis le peloton, emmené par l'équipe de Julian Alaphilippe. Thibaut Pinot et dans les premières positions, tous les favoris sont là, mais il n'y aura pas eu d'attaques entre eux. Beaucoup de lâchés quand même. On retrouve Peter Sagan, toujours avec le sourire, qui monte tranquille, quelques minutes devant le gruppetto. Puis celui-ci passe, les dernières voitures et les derniers sprinters. La voiture balai et c'est fini pour aujourd'hui.

Le temps de ranger toutes les affaires, de dire au revoir aux voisins, me voilà reparti vers le sommet, pour retourner à la voiture. Celui-ci est bloqué, pas encore possible de descendre en vélo. Alors je me change, attends un peu et y retourne quand c'est dégagé. Quelques voitures ont pu passer, mais j'y vais tout doux. En arrivant à la voiture, le parking est déjà un peu vide. Je remets le vélo dedans, me change encore une fois, remercie le camping-car d'à côté et reprends la route.

Relive la Hourquette

Comme toujours sur le tour, les bouchons de la descente sont là. Musique à fond, chant à fond, les quelques marcheurs qui passent rigolent et me font des signes du pouce. Une fois que ça se met à rouler, je continue en direction de Pau pour l'étape du lendemain. Je me perds, tout comme une voiture de France TV, dans Lourdes. Prend une pizza que je mangerais plus loin, sur une aire, en regardant une partie de pétanque. Puis j'arrive au AirBnB, négocie d'y laisser la voiture tout le lendemain et termine d'y programmer la journée, celle-ci s'annonce longue et intense !


Chapitre 6 : La caravane avant La Course

Vendredi, la journée qui s'annonce la plus chargée. Pour commencer, RDV sur le stade de la section Paloise. On y retrouve ici la caravane. Et oui, aujourd'hui je serai dans la caravane ! Je cherche mon char et préviens de mon arrivée. Étant venu en vélo, il faut aussi que je me change. Pas besoin de mettre la combinaison qu'ils me disent. Alors qu'on m'explique les règles de sécurité, me présente Sophie qui sera à mes côtés dans le char, j'assiste à la traditionnelle préparation. Un petit show animé par Krys, où les différents caravaniers montrent qui est la plus chaud. Le tout qui se termine par une chorégraphie collective: Patate Power !

Patate power !

Puis direction le char. Bien attaché, je serai là uniquement pour observer, pour des raisons évidentes de sécurité, je ne distribuerai pas les aimants Le Gaulois. Pas de passage sur la ligne de départ, le char est trop haut et doit prendre une déviation pour éviter un pont trop bas. La caravane est coupée en deux aujourd'hui. Une partie après le 1er tour de la course féminine, la suite entre leur 1er er 2eme tour. Oui, la caravane me fera rater la course féminine, mais tant pis, ce n'est pas une expérience qu'on peut faire tous les ans...

Passage des filles, puis des premiers chars, on se place alors entre Haribo et Leclerc, deux chars qui donnent à manger. Pour nous, c'est des aimants, lancé à un rythme effréné, sous le slogan qui tourne en boucle dans les hauts parleurs "Merci d'accueillir l'équipe... Le Gaulois. Le gaulois, 100% français". Avec un coq qui assure le fond musical.

Passer sur la route comme ça permet de voir les spectateurs déchainés sur le bord de la route, qui se jettent sur le moindre cadeau lancé. Alors que certains ont une meilleure technique pour en avoir le plus possible. Danser comme un coq pour ceux qui veulent se faire remarquer. Un gamin avait imprimé toutes les marques et les montrait une à une pour montrer sa fidélité. Mais le top reste la technique du parapluie retourné pour que les caravaniers visent juste. Avec une variante, la mini cage de foot et les flèches qui indiquent où viser.

Quelle classe avec son parapluie

À notre passage, les spectateurs sont fous et crient. Mais certains font aussi passer des messages. Alors que Sophie a droit à un classique "A poil", j'aurais droit au "Feignasse" pour ne rien distribuer. Enfin le dernier avantage de la caravane, c'est de pouvoir faire l'intégralité du parcours. J'aurais donc repéré le passage ombragé de la première montée, qui sera mon point de chute pour l'étape. Ainsi que la dernière rampe, une montée raide d'une centaine de mètres, mais qui en surprend plus d'un dans la caravane.

Fin du circuit au passage sur la ligne. Il faut alors repartir au parking pour récupérer la voiture des autres invités et mon vélo qui traine dans la caravane Amora. Quelle super expérience que de vivre le tour depuis la caravane ! Certes, ce n'est pas l'idéal pour suivre la course, mais on y vit la magie du tour depuis l'intérieur et c'est des souvenirs, des amitiés qui restent pour longtemps quand on y est pour 3 semaines. Encore merci Le Gaulois et @socquette_LGR pour cette expérience !

A bord de la caravane

Direction le final de l'étape maintenant. Avec un peu de chance, je pourrais voir suffisamment la course des filles, il parait qu'Audrey Cordon-Ragot est en tête ! J'arrive sur le circuit alors qu'il reste 35km, soit un peu plus d'un tour. Je pourrai donc les voir deux fois. Je vais aller me mettre dans la dernière petite pente. Déjà pas mal de monde ici, à croire que c'est un bon endroit... on peut aussi profiter du speaker qui annonce la course. On dirait que ça attaque de partout ! Bon par contre le speaker a un peu de mal à annoncer le groupe de tête, il annonce plutôt le palmarès de Marianne Vos, ça dure un peu...

Mais elles vont bientôt arriver. Un premier groupe, je lance les encouragements assez tôt, histoire d'emmerder un peu les voisins, qui n'ont pas l'air trop sympa. Après le passage du premier groupe, ceux de l'autre côté me félicitent pour mes cris et commencent à discuter un peu de la course. Puis le deuxième groupe arrive, avec en tête, un maillot Bleu Blanc Rouge resplendissant. Jade Wiel qui ouvre la route, je donne tout ce que j'ai dans un "ALLEZ JADOUILLE !" qui résonne dans les rues de Pau. Puis encourage comme à mon habitude le reste du peloton et les lâchées, jusqu'à celles qui devancent la voiture balai.

Allez Jadouille !

En attendant le dernier passage, j'en profite pour faire la connaissance d'un groupe de Colombiens. Une photo avec tout le groupe, puis ils y vont chacun de leur photo individuelle. Et les gens d'à côté en profitent aussi. Pendant ce temps le speaker continue de parler de la course. Amanda Spratt seule en tête, mais trop peu d'avance pour résister à la dernière pente. On s'interroge d'ailleurs avec mes voisins de son pourcentage. Alors qu'ils y voient du 20, voire 22%, je leur dit que c'est du 16-18% maxi. Ayant fait Liège-Bastogne-Liège Challenge plus tôt cette année, mon regard d'expert ne se trompe pas. Il s'agit de 17% d'après le speaker et le carnet de route.

Plus que quelques kilomètres, elles ne vont pas tarder. Amanda Spratt toujours en tête, mais avec moins de 15s d'avance. C'est quand même elle qui se présente au pied la première. Mais Marianne Vos surgit derrière et ne lui laisse aucune chance. Quelle puissance dans cette montée, qui la mène à la victoire 300m plus loin ! À l'arrière du groupe, je continue mes encouragements, pour Juliette et pour Audrey, qui ont droit à des encouragements particuliers. Puis il faut attendre le deuxième groupe, Jade n'est plus en tête, mais je l'encourage quand même dans ses derniers efforts du jour.

Allez Juliette, allez Audrey

Une fois qu'elles sont toutes passées, je me dirige vers l'arrivée. Aucune française sur le podium, pas besoin d'y aller, je vais donc en direction des bus. Le premier est celui des Trek-Segafredo, avec Audrey Cordon-Ragot qui répond aux questions des journalistes. Puis avant de rentrer dans le bus, elle me voit et on échange rapidement quelques mots avant qu'elle ne rentre se reposer. Je continue alors au milieu des équipes. En arrivant devant celui de la FDJ, j'aperçois Jade, mais elle rentre pour se changer, je n'aurais pas droit à la photo avec elle cette fois-ci.

Oh le joli maillot

Dernier bus, celui de l'équipe Charente-Maritime Women Cycling. Et là, je suis accueilli par un "Oh Macfly ! Qu'est-ce que tu fais là ?". Il s'agit du DS de l'équipe qui m'a reconnu, plusieurs mois après que je sois allé encourager l'équipe sur une course en Belgique. Je reste discuter quelques minutes avec lui et l'équipe puis quitte la zone. Il est temps d'aller s'installer pour le chrono !


Chapitre 7: Un par un pour l'homme canon

Deuxième partie de la journée. J'ai pu repérer le circuit, j'irai donc dans la première montée. Difficile de quitter la ville en suivant le circuit. Les flics bloquent les routes, les trottoirs sont petits, il faut donc contourner pour retomber au pied de la montée. En arrivant, je vois certains coureurs passer en reconnaissance mais très peu, la plupart étant passés avant, entre les passages des filles. Avec la présence des flics en bas, il va falloir monter à pied. Enfin jusqu'au 1er virage, après plus personne ne surveille. Je fais quelques aller-retour pour trouver le meilleur coin: une bonne visibilité et de l'ombre. Une fois trouvé, je m'y installe.

Yoann Offredo, premier coureur ne vas pas tarder. Et il a failli ne pas être le premier à passer, déjà rattrapé par le suivant... Dès ces premiers passages, je me fais repérer par les voisins, alors que je n'ai même pas sorti la perruque. Ce n'est qu'après le passage de quelques coureurs que je sors la combi, sous les commentaires des voisins. "Ohlala qu'est-ce qu'il nous sort là", "au moins on pourra pas le rater", "bravo, t'es magnifique comme ça !". Commence alors le défilé des coureurs. Un par un, parfois à deux. De mon côté, toujours la même passion et les mêmes encouragements.

J'ai du passer quelques fois à la TV

Après quelques passages, je commence à reprendre mes affaires "non, qu'est-ce que tu fais, t'en vas pas !" lâche un voisin. Je traverse juste pour me mettre à l'ombre. Et plus proche des autres, c'est plus pratique pour discuter un peu entre les passages. Pour certains coureurs, notamment les français, j'encourage en utilisant le prénom, un diminutif, voire leur surnom. Il faut dire que j'ai la technique pour savoir qui arrive. En plus de la voiture suiveuse, j'ai sur mon téléphone la liste de tous les coureurs avec leur ordre de passage. Je coche à chaque fois, ce qui me permet de me préparer au suivant et de savoir combien il en reste. Je peux alors répondre au tac au tac 86 lorsque quelqu'un demande une estimation du nombre restant.

Au milieu de la course justement, de nouveaux voisins, toujours cette même surprise lorsqu'ils m'entendent la première fois, surtout chez les gamins. Mais ils restent là pour profiter du spectacle. Grâce à eux je peux suivre un peu la course, savoir qui est en tête, et entendre la chute de Wout Van Aert. Plus haut, ils ont la vidéo et partagent de loin. Aie, on espère tous que ce n'est pas trop grave...

Les meilleurs coureurs commencent à arriver, les départs sont toutes les 2 minutes maintenant. Nos 4 meilleurs français vont bientôt arriver. Je leur ai prévu des encouragements spéciaux. Lorsque Wawa arrive, je commence les encouragements plus tôt que d'habitude, les termine plus tard, en donnant tout ce que je peux ! Alors que je reprends mon souffle, les voisins me félicitent et me disent de bien récupérer pour les 3 autres... j'encourage quand même les coureurs entre. Juste avant le passage de Romain Bardet, j'entends un voisin qui dit "pour Romain, je vais filmer les encouragements de l'homme canon, me déçoit pas !". Je ne sais pas d'où il a sorti ce surnom mais il m'a bien fait rire, je vais donc tout donner à nouveau !

Allez Wawa
Allez Romain

Il reste moins de 10 coureurs, la gamine à côté de moi se prépare à prendre les meilleurs en photo, je lui dis que Geraint Thomas n'est pas celui qu'il faut, mais que c'est les français les plus importants. Elle qui a essayé d'avoir quelques autographes après la course féminine et souhaite aller en chercher d'autres. Mais elle a déjà celui de Jade Wiel, je lui dis "pas besoin d'en avoir d'autres, t'as déjà le meilleur.". Elle ne semble pas trop convaincue... Elle découvre aussi certains coureurs, notamment Kruijswijk, dont elle a du mal à prononcer le nom. Voilà Thibaut ! Comme à mon habitude, je donne tout !

Pfff, pas évident de gueuler comme ça, heureusement que je suis entrainé. "Déjà 10s d'avance" lâche le chronométreur en face de moi. En se basant sur l'écart entre les coureurs, il nous permet de se faire une première impression sur la forme de chacun. Enfin vient le passage de Julian Alaphilippe, notre rayon de soleil du mois de Juillet, tout de jaune vêtu ! Derniers gros encouragements ! Une fois les dernières voitures passées, il est temps de se dire au revoir entre voisins d'un jour. "Merci pour la journée et à bientôt sur une prochaine course !".

Allez Thibaut
Allez Alaf'

J'enlève ma combinaison d'"homme canon" et reprends la route vers la voiture que j'ai laissée au AirBnB. Sur le chemin du retour, j'en profite pour regarder le final de l'étape avec des supporters qui suivent sur la télé de leur camping-car. La victoire de Julian me donnera un peu d'énergie pour continuer. Oui, j'avais oublié que ça montait un peu et que ça fatigue d'encourager... sur la fin de la montée, je me retrouve dans les embouteillages du tour, mais cette fois-ci je double tout le monde en vélo ! Et dans la redescente qui suit, je fais en sorte qu'ils me redoublent pas (non, pas juste en chantant...). Une fois au AirBnB, l'hôte remet son maillot en sortant de la piscine (c'est pour ça qu'elle voulait que je prévienne 5 minutes avant d'arriver...) et vient me dire au revoir. Me voilà parti en direction du Tourmalet !

Relive à Pau

Chapitre 8: Le Tourmalet pour finir en beautée

Sur la route, je m'arrête prendre une pizza, que je mangerai sur la même aire que la veille. L'occasion de savoir qui arrivera en premier: moi, ou mon frère et mon père qui doivent me rejoindre ? Il semblerait que c'est à moi que reviendra la tache de trouver une place pour la tente... Après plus d'une heure de route, j'arrive au pied de ce géant. Beaucoup de voitures à mes côtés, je sens que ça va être compliqué. Mais ce qu'il y a de bien sur le tour, c'est tous ces gens qui sont déjà installés, qui regardent passer les voitures, alors j'en profite pour klaxonner, leur dire bonjour ! Et je monte le son de la musique, me met à chanter (plus faux que fort, quoi que...).

Une fois la première partie passée, celle où il n'y a que très peu de place pour se garer, voilà la deuxième, celle où tout le monde est garé. Je trouve un petit coin, mais c'est vraiment petit. Il faudra accueillir une deuxième voiture, et la tente. Ça ne va pas le faire, je vais tenter encore plus haut. Justement plus haut, c'est le début des aires de caravanes. Alors que de nombreuses voitures et camping-cars commencent à faire demi-tour et redescendre, je me dis que c'est mort. Musique toujours à fond, en chantant, et disant bonjour aux passants. Completement bloqué, je commence alors à discuter avec la petite vieille qui regarde le spectacle. Je lui explique mon appréhension à devoir garer deux voitures, une tente... C'est alors qu'elle me propose de me laisser une place. Je crois que le petit jeune qui chante du Daniel Balavoine à tue-tête tout seul dans sa voiture l'a attendri... Je suis obligé d'accepter la place !

Pas trop mal comme emplacement

Je gare la voiture, et vais discuter avec le groupe. Ils sont là depuis mercredi et resteront jusqu'au Lundi. Des vraies vacances entre amis, pour le tour, le rêve de (presque) tout retraité... La nuit va bientôt arriver, ils me proposent un petit emplacement derrière leur camping-cars, c'est vraiment top ! Je crois que j'ai eu de la chance de tomber sur eux. Le temps d'installer la tente et le matelas, la nuit est là. Et toujours pas la deuxième voiture. Ah si, ils arrivent, mon frère m'appelle. Bon, dans la nuit ça va être compliqué de se retrouver, malgré le drapeau installé sur la voiture. Un des voisins avec qui je discutais me propose une lumière pour qu'ils me voient plus facilement. Bonne technique, puisqu'ils ne me ratent pas en arrivant. Le temps d'installer la voiture, de manger un petit peu, il se fait tard, direction le lit.

Hotel avec vue

La nuit sous la tente, on est réveillés par un orage à 3h du matin. Les flashs sont énormes, le tonnerre est proche et la forte pluie qui commence est un peu inquiétante. Mais ça ne dure pas longtemps, le reste de la nuit se passe plutôt bien. Le matin, petit déjeuner de fortune sur le bord de la route. A regarder les premiers cyclistes qui montent déjà. Le programme c'est de rouler avec mon frère, il n'est pas vraiment chaud pour faire tout le col, on partira de la voiture vers le sommet. Ca fait 10km, pas énorme, mais avec la fatigue accumulée, ça fera déjà pas mal. Après avoir rangé la tente et le reste des affaires, en regardant les centaines (milliers ?) de cycliste qui montent, il est l'heure d'y aller à notre tour.

Un dernier signe à papa qui fera la montée à pied et nous voilà partis. Pas très beau, les nuages sont là, mais ils risquent de partir rapidement, ou de passer en dessous de nous. Par contre il y a énormément de cyclistes ! Beaucoup plus que sur les étapes précédentes. Normal, on est samedi et c'est le Tourmalet, avec arrivée au sommet.

Toujours un grand soleil

La montée se fait tranquillement, sous les encouragements de certains spectateurs. Je double ou me fais doubler par tant d'autres cyclistes. Puis peu à peu, nous sortons du nuage, ça y est plein soleil, plein cagnard, définitivement pas mes conditions préférées. Parmi les spectateurs sur le bord de la route, très nombreux eux aussi, certains sont déguisés, on trouve notamment un groupe avec le déguisement de nain, le même que celui que j'avais pris pour mon frère, mais qu'il n'a pas voulu mettre.

Allez petit

Au-dessus des nuages, la vue est magnifique, on aperçoit le sommet au loin, et la route dessinée par les centaines de camping-cars et voitures garées là. Mais après quelques km, on se retrouve bloqués. À 5km du sommet il y a déjà les barrières et la sécurité pour nous faire poser pied à terre. Mince, il va falloir s'arrêter là. On redescend alors un peu pour trouver une bonne place. Trouver de l'ombre semble trop compliqué, on cherche plutôt un espace dégagé, où on peut facilement poser les vélos, avec de la place pour s'installer. On se pose un peu en dessous du dernier virage accessible. En bonus, on se retrouve proche d'un écran géant pour suivre la course et d'une buvette pour se ravitailler. Une fois installés, je descends un peu pour récupérer papa qui monte à pied. Très peu, il ne lui restait même pas 200m à faire.

Les 3 mousquetaires

Notre emplacement est un peu au-dessus de la route, on peut donc profiter à la fois du paysage et des cyclistes qui continuent de monter. On profite aussi de quelques rochers pour faire table de picnic. Le repas de midi sera des sandwiches à base de pâté au piment d'Espelette, l'immanquable du Tour de France ! Puis l'attente continue. Pour éviter de cramer au soleil, je vais passer un peu de temps près de la buvette, à l'ombre d'un camping-car, face à la TV.

Tous ces camping-cars

Je redescends lorsque la caravane approche, je me mets à l'ombre d'un autre camping-car, celui des petits vieux d'en face. Je me change pour être beau pour la caravane et retrouver mes amis de chez Le Gaulois. Pour ce 4ème passage de caravane de l'année, toujours le même objectif: récupérer à manger ! Ça marche plutôt bien ce coup-ci. Et pour le maillot Total Direct Énergie, ma botte secrète fonctionne une nouvelle fois. Par contre je pensais le recevoir depuis l'arrière du char, je n'ai donc pas surveillé l'avant et ai reçu le maillot sans le voir arriver... Autre incident lors de la caravane, le papy d'à côté ne veux pas que des gosses se mettent "devant ma caravane, je suis là depuis une semaine pour garder la place". Il y a aussi des cons sur le tour. Nous donnerons tous nos excédent à ces gamins déçus, mais échouons pour échanger le t-shirt marinière Xtra total.

En attendant le passage des coureurs, on profite de l'écran géant. L'échappée reprise, la bataille des favoris aura lieu devant nous. Pour lancer les hostilités, attaque de Warren Barguil ! Ça serait tellement beau qu'il passe en tête devant nous ! Quand ils ne sont plus qu'à 2 kilomètres de nous, tous les supporters qui attendaient face à l'écran géant redescendent pour se mettre sur le bord de la route. La tension est à son comble. Sur la course, Wawa a été repris. Il reste encore tous les favoris. Côté français, Alaphillippe est toujours là, Wawa aussi et Thibaut Pinot est accompagné par un David Gaudu impressionnant. Ils arrivent, l'hélico passe au-dessus de nous. Certains lui font coucou, comme si l'hélico allait les filmer... On commence à entendre les encouragements plus bas, ils accompagnent les coureurs jusqu'à nous, c'est magnifique.

Jolie casquette

Ils sont là, "Allez allez ! Allez allez ! Allez allez allez allez !" Je donne tout ce que j'ai ! Nos meilleurs français sont dans le groupe, et même à l'avant du groupe. Ils ont l'air en forme, c'est bon ça ! Une fois passés, il faut trouver le bon compromis entre encourager les suivants et suivre la course. Alors que Romain Bardet passe devant nous, David Gaudu se permet d'attaquer !

Les coureurs passent un par un, alors qu'à l'avant c'est au tour de Thibaut Pinot de partir. Il se retrouve seul à 1km de l'arrivée. J'encourage tant bien que mal les petits groupes qui passent. Tout le monde se tourne vers les TV dans les camping-cars. Thibaut seul devant, il file vers la victoire ! Et derrière c'est Julian Alaphilippe, qui a réussi à suivre jusqu'au sommet qui en met une à son tour ! Rholalala, on va avoir droit à un doublé français, c'est magnifique ! Ils le font ! Victoire de Thibaut Pinot au sommet du Tourmalet ! Deuxième place de Julian Alaphilippe qui confirme son maillot jaune ! OUIIII !

Ce type est fou

Sur les bords de route, c'est la folie, on célèbre tous cette victoire en félicitant les équipiers Groupama-FDJ qui passent à l'arrière de la course. Avec leur 2ème voiture suiveuse aussi. Puis le gruppetto arrive, la voiture balai. C'est fini. Les français viennent de frapper fort sur ce tour.

Pour nous il est temps de repartir dans la descente, je me mets à chanter pour fêter notre champion franc-comtois. "Shala la lalalalalaaa Thibaut Pinot ! Shala la lalalalalaaa Thibaut Pinot ! Shala la lalalalalaaa Thibaut Pinot ! Shala la lalalalalaaa Thibaut Pinot !" Sur le bord de la route, un mec dis "il est en forme lui à chanter sur son vélo" à coté de mon père qui lui répond fièrement "oui, c'est mon fils !". De mon côté, après avoir repris mon souffle je reprends avec des "Thibaut Pinot, Thibaut Pinot, Thibaut Thibaut Thibaut Pinot !" Mon entrain aura eu raison d'un autre cycliste qui se met à chanter avec moi ! Plus aucune raison de s'arrêter, il faut que je chante sur les 5km jusqu'à la voiture !

Relive le Tourmalet

Une fois qu'on arrive sur la zone avec les camping-cars, les voitures forment déjà les bouchons sur la route. Et moi je n'ai absolument plus de voix ! J'ai du mal à parler, mais c'est pour la bonne cause: fêter la victoire de notre Thibaut Pinot national ! Le temps de ranger dans la voiture, se réhydrater, attendre papa qui arrive à pied, dire au revoir aux caravanistes qui nous ont fait de la place pour le weekend et nous voilà dans les embouteillages. Musique à fond pour passer le temps. Longue descente avec mon frère dans la voiture devant et mon père qui alterne.Puis la route se libère, on peut rentrer à la maison. Très tard tellement il y avant de monde et d'embouteillage dans le Tourmalet.


Voilà, le tour est fini pour cette année. 5 étapes, de super sorties vélo, des encouragements à s'en casser la voix, la caravane du Tour vue de l'intérieur, des rencontres, des moments qui font la magie du tour, des souvenirs qui marqueront cette édition, et Thibaut Pinot au sommet de son art et du Tourmalet !

Ça y est, il faut passer à autre chose: préparer l'édition 2020. Qui est chaud pour se faire les 3 semaines ?

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